Janet Yellen, portrait d’une femme d’exception

Le 01.11.2013 par Frédéric M.
Catégorie : Divers

En janvier prochain, Janet Yellen sera probablement la femme la plus influente du monde. Agée de 67 ans, elle deviendra la première femme à présider la prestigieuse Réserve fédérale américaine (Fed). Présentée comme une personne « exceptionnellement qualifiée » par Barack Obama, Janet Yellen aura la lourde de tache de remplacer Ben Bernanke dont le mandat expire le 31 janvier prochain après 8 année de présidence. Retour sur un parcours hors du commun et sur les multiples chantiers qui attendent Mme Yellen.

Un parcours brillant

Originaire de Brooklyn (New-York), cette fille de médecin se passionne pour l’économie et sort diplômée de Brown University (Rhode Island) à l’âge de 21 ans. Elle poursuit son parcours estudiantin en effectuant un doctorat à la prestigieuse université de Yale où elle assiste au cours de James Tobin, prix Nobel d’économie en 1981. Impressionnée par l’attachement à l'excellence académique et au service public de son professeur, la jeune étudiante restera profondément marquée par cette rencontre.
Elle débute ensuite sa carrière comme professeur assistante à Harvard entre 1971 et 1976 et comme économiste à la Fed. Elle assistera notamment au second choc pétrolier de 1979. En 1980, elle devient professeur émérite à l’Université de Berkeley et y enseigne la macroéconomie. Elle s’intéresse au marché du travail et devient l’une des plus grandes spécialistes du pays.
A partir du milieu des années 1990, Janet Yellen occupe successivement diverses fonctions au sein d’organismes économiques. De 1994 à 1997, elle devient membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale. Puis, elle dirige le Cercle des conseillers économiques de la Maison Blanche pendant 2 ans à la demande de Bill Clinton. En 2004, elle prend les rênes de la Fed de San Francisco avant de devenir vice-présidente de la Fed le 4 octobre 2010.
Discrète, Janet Yellen est mariée à George Akerlof, distingué du prix Nobel d’économie en 2001. Pour l’anecdote, George Akerlof a partagé son prix avec l’économiste Joseph Stiglitz, ancien professeur de… Janet Yellen.

Une femme de consensus appréciée

Si Barack Obama a finalement nommé Janet Yellen comme futur présidente de la Fed, le président américain n’en avait pourtant pas fait son premier choix. Il lui préférait notamment son ancien conseiller, Larry Summers. Brillant économiste, ce dernier a pâtit de son goût pour la provocation et de sa moindre connaissance en économie monétaire. A l’heure où les marchés financiers sont dopés par la politique de soutien massive à l’économie de la Fed (injection de 85Md$ chaque mois appelée aussi QE3), le moindre dérapage verbal peut engendrer de graves conséquences. Tempérament explosif s’abstenir ! De nombreux parlementaires démocrates ont, en outre, reproché à Larry Summers ses liens trop étroits avec Wall Street. L’intéressé a ainsi préféré jeter l’éponge.
Janet Yellen s’appuie, quant à elle, sur de nombreux soutiens dont son ancien professeur et prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz. Ce dernier vante sa « grande capacité à forger un consensus ». Sa connaissance du marché du travail dans un contexte où le taux de chômage Outre-Atlantique peine à descendre a également joué en sa faveur. Une lettre ouverte – destinée à Barack Obama – avait été signée par 480 économistes professionnels afin de soutenir la candidate Yellen. Les économistes avaient notamment mis en valeur les avertissements de Janet Yellen sur le risque d’une récession de grande ampleur, et ce dès 2007. Enfin, Janet Yellen a pu compter sur un autre soutien de poids : Wall Street. Favorable à la poursuite du QE3, elle ne devrait pas arrêter brutalement la politique ultra-accommodante menée par la Fed depuis de nombreux mois.

Ce qui attend Janet Yellen

Le chantier principal qui attend Janet Yellen est la sortie progressive du QE3. Achetant 45Md$ de bons du Trésor et 40Md$ de titres hypothécaires chaque mois, la Fed dope véritablement les marchés financiers. Le moindre dérapage verbal est immédiatement suivi d'une réaction sur les bourses mondiales. Janet Yellen devra ainsi faire preuve de beaucoup de prudence et d’habileté pour réduire progressivement la politique de soutien de la Fed.
Mme Yellen devra également poursuivre les efforts entamés par son prédécesseur en matière de régulation du système financier mondiale afin d’éviter des crises d’envergures telles que celle qui frappe l’économie mondiale depuis 2008.
Si le grand public ne connait pas encore le nom de Janet Yellen, il ne devrait pas tarder à en être familier.